Jean Gaspard Ntoutoume Ayi et Franck Nguema, n’ont révélé aucune inimitié, mais ont toujours été deux frères de cœur et fils spirituels du défunt André Mba Obame, ex secrétaire exécutif de l’Union Nationale (UN) « AMO ». On dira davantage que dans l’écurie AMO, ils faisaient partie de ses deux poulains. Ironie du sort ou jeu shakespearien, ils s’affronteront lors des prochaines élections législatives d’octobre prochain dans la 2ème circonscription de la commune d’Akanda. Enjeu politique ou bataille de façade ? Que cache cet épisode inédit de leur parcours commun ?
« Cette bataille politique entre deux frères ne peut que nous rappeler la présidentielle d’août 2009 où deux des principaux candidats, en l’occurrence Ali Bongo et André Mba Obame se sont retrouvés face à face ; tous deux étant de surcroît les membres fondateurs des Rénovateurs, courant politique au sein du PDG. A la mort de leur père Omar Bongo, les deux frères-complices s’étaient affrontés lors de l’élection présidentielle qui a suivi. C’était aussi deux frères de cœur. Farouchement opposés ils ont respectivement incarné le leadership de deux camps politiques », déduira un observateur de la politique gabonaise résidant actuellement en France après la crise post-électorale de 2016 et qui a requis l’anonymat.
Ce qui intrigue dans cette affaire et rends perplexe plus d’un est en tout pour tout cet affrontement sur le même siège. Et à la grande différence de 2009, où l’un André Mba Obame, quittera la maison PDG ; tandis que l’autre Ali Bongo y restera, ici, la posture de l’un et l’autre suscite encore moult interrogations quand les deux continuent de se réclamer de l’opposition. Qu’en est-il en définitive ? Alors, pourquoi ces deux frères qui se revendiquent l’appartenance au même camp peuvent-ils décider de s’affronter sur le même siège ?
A titre de rappel, Franck Nguema est le neveu d’A.M.O. Après ses études de marketing et communication en France, il a construit sa carrière d’homme d’affaire dans les différentes structures créées sous le prisme de son défunt oncle (TV+, MEDIAFFICHE). Il s’est taillé une réputation d’homme d’affaire redoutable et perspicace. Avant 2009, Franckie, pour les intimes, a toujours évolué très loin de la politique, faisant plutôt parti de la très renommée « jet set gabonaise ».
D’aucuns avancent qu’il fut l’un des hommes de mains et de confiance de l’ancien ministre de l’Intérieur, parfois aimé ou jalousé. Selon un proche de la famille de l’ancien baron politique de Medouneu : « une chose est certaine, AMO a aimé et protégé son neveu Franck Nguema avec affection comme son propre fils. C’est en 2009 que son engagement politique naîtra au côté de son oncle qu’il soutiendra contre vents et marées lors de la présidentielle de la même année. Aujourd’hui il estime que l’héritage politique lui a été confié par le défunt et qu’il a le devoir de reprendre le flambeau et continuer le combat politique de son père spirituel en politique ».
En revanche, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi (JGNA), un autre fils spirituel politique d’AMO est Inspecteur des Finances, diplômé de l’Ecole Nationale de l’Administration (ENA de Paris, promotion Copernic 2000-2002) et de l’Institut de l’Économie et des Finances (1997). Il a été un haut cadre du ministère des Finances dans le cabinet de Charles M’Ba, d’alors Ministre délégué aux Finances. Brillant administrateur économiste, reconnaissent nombre de ses pairs, il va incarner le rajeunissement des acteurs politiques au lendemain de la présidentielle de 2016. Proche de l’ancien Premier ministre Casimir Oyé Mba, dont il est d’ailleurs le représentant à la commission chargée de la mise en place de la candidature unique de l’opposition. Suite à cela, il sera désigné comme le principal porte parole du candidat Jean Ping et de la Coalition pour la Nouvelle République. Dans son parti l’Union nationale, formation politique dans laquelle il milite depuis sa création en 2010, l’ancien conseiller du ministre des Finances de Charles M’Ba, est Commissaire National en charge du Budget.
JGNA, était tout aussi dans les confidences d’AMO. Il semble qu’aux dires de nombres de proches de ce dernier, il était son stratège favori. Avec exagération ou pas, certains iront jusqu’à dire qu’i était le prolongement du cerveau d’AMO. Tout comme ils reconnaissent qu’à ses côté son ambition politique a toujours été manifeste. Pour AMO il était l’ami, le fils, le petit frère sur qui ils pouvaient compter à tout instant ; et dans les dernières années de sa vie il a été pour lui un confident mais comme il le dit lui-même, sur le plan politique, il a suivi les idées politiques de l’homme et non juste l’homme aveuglément.
Alors s’interroge l’observateur gabonais : « Pourquoi ces deux frères si proches hier, s’affrontent-ils aujourd’hui ? Pourquoi choisir le même siège ? L’un vient de Medouneu et l’autre natif de Libreville. Ce combat ne peut que soulever des questions, surtout sur le fait qu’il ne servira qu’à affaiblir l’opposition puisque les votes des électeurs favorables à l’opposition seront éparpillés. » Il poursuit : « A qui profite cet affrontement politique si ce n’est qu’au parti au pouvoir ? Et par ricochet, au renforcement du système politique « émergent » ? Et eu égard à ce qui se dessine sous nos yeux, je ne peux ne pas légitimement me demander s’il n’y a pas une main-noire du régime d’Ali Bongo derrière cette conflagration fratricide. »
Et pour conclure ce dernier dira : « Qui tire les ficelles de cet affrontement politique des fils AMO ? Lequel de Franck Nguema ou de Jean Gaspard Ntoutoume Ayi inquiète plus le régime en place ? ».
Affaire à suivre…