Justice : L’ancien ministre de l’Intérieur d’Ali Bongo, blanchi comme par magie dans le dossier Averda

Jamal Bissielou
Jamal Bissielou 3 Min Read
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On croyait que les poubelles de Libreville avaient fini de livrer leurs secrets. Eh bien non : elles viennent de recracher une décision judiciaire plus parfumée qu’un sac plastique éventré au soleil. L’ancien ministre d’État Lambert Noël Matha, éclaboussé par le scandale Averda, sort ce lundi 29 septembre du Tribunal de première instance de Libreville avec un non-lieu tout neuf, emballé comme une poubelle… propre.

Accusé de corruption passive, concussion, blanchiment et autres douceurs politico-financières, l’ex-grand commis du régime Bongo avait été assigné à résidence depuis 2023. Une punition qui ressemblait déjà plus à un long congé surveillé qu’à une sanction exemplaire. Et voilà qu’aujourd’hui, abracadabra : plus rien. Non-lieu. Rideau. Silence dans la salle, sauf peut-être l’odeur persistante des ordures mal ramassées.

Un contrat qui sentait déjà mauvais

Rappelons quand même l’histoire, pour les distraits : Averda, société chargée du ramassage des déchets de 2015 à 2019, avait laissé Libreville plus sale qu’un lendemain de fête sans balayeurs. L’État gabonais, vexé et allégé de quelques milliards pour services très approximatifs, avait rompu le contrat. Averda, pas folle, réclama 23 milliards de francs CFA devant la Chambre de commerce et de l’industrie de Paris. Pendant ce temps, à Libreville, la justice ouvrait un dossier qui finit aujourd’hui dans un sac-poubelle judiciaire.

Il y avait pourtant eu du sport. Alain Xavier Madoungou, ex-directeur général du ministère de l’Intérieur, avait été cueilli par le procureur pour corruption active. Et dans son sillage, il avait désigné Lambert Noël Matha comme « cerveau présumé » de l’affaire. Tout le monde voyait le film venir : ministres, billets et poubelles. Mais manifestement, le scénario a été réécrit.

Quand le non-lieu ramasse tout

Un non-lieu, c’est comme un camion-benne qui passe de nuit : on ne voit rien, on n’entend rien, mais au matin, tout a disparu. Faute de preuves, dit-on. Ou peut-être faute de volonté. Les déchets de la politique, eux, ont la vie dure.

Finalement, la seule chose qui aura été collectée correctement dans ce dossier, ce sont les illusions de justice. Les citoyens, eux, n’ont plus qu’à respirer l’air lourd d’une capitale où même les scandales finissent recyclés.

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