Elections 2025 : entre victoire annoncée de l’UDB et accusations de « désordre électoral »

Roland Obiang
Roland Obiang 4 Min Read
4 Min Read

Au lendemain du premier tour des législatives et locales du 27 septembre, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB) semble en position de force. Mais derrière cette percée, des voix discordantes dénoncent un scrutin marqué par des pratiques qui rappellent les heures les plus sombres de la vie politique gabonaise. Pour beaucoup d’observateurs, loin d’être un pas en avant, ces élections traduisent au contraire un « bond en arrière de la démocratie gabonaise ».

L’ancien Premier ministre de la transition, Raymond Ndong Sima, a ouvertement fustigé ce qu’il appelle un « retour à la case départ ». Sur sa page Facebook, il a dénoncé les dysfonctionnements observés dans plusieurs circonscriptions. Selon lui, des bus entiers d’« électeurs-mercenaires », plus connus sous le nom de transhumants, ont été déplacés massivement pour voter dans des zones où ils n’avaient ni attaches familiales ni intérêts économiques. « Nous sommes bien revenus avant le 30 août 2023, pour continuer l’écriture d’une histoire qui repose sur la compétition déloyale », a-t-il accusé.

Cette sortie virulente fait écho à d’autres critiques, notamment celle de Clay Martial Obame Akwe, candidat RPG-BDC-UN-LD dans le département du Woleu. Lui aussi a dénoncé un « désordre électoral », pointant la manipulation des urnes et le mépris de la volonté populaire. Dans son camp, on estime que l’UDB s’est rendue coupable d’un véritable détournement du processus démocratique en instrumentalisant la mobilité forcée d’électeurs.

D’aucuns affirment que cette situation n’était pas imprévisible. Plusieurs acteurs politiques avaient déjà alerté sur des « signes avant-coureurs » lors de la validation des candidatures. Certains dossiers ont été approuvés dans la précipitation, parfois seulement 72 heures avant l’ouverture officielle de la campagne, créant un climat de suspicion et alimentant les frustrations.

À travers ces critiques, une réalité s’impose : l’organisation d’élections couplées, présentée comme une avancée logistique et démocratique, a révélé au contraire les limites de la machine électorale gabonaise. Sur le terrain, la logistique chaotique, les retards et les arrangements de dernière minute ont accentué les doutes sur la sincérité du processus.

Ce climat délétère risque de fragiliser davantage la crédibilité de l’UDB, pourtant auréolée d’une dynamique victorieuse. Car pour une partie de l’opinion publique, la victoire d’un parti bâtisseur obtenue au prix de manœuvres contestées ne saurait incarner le renouveau politique promis depuis la transition.

En toile de fond, la crainte est grande de voir s’installer un cycle de méfiance électorale, où chaque scrutin se transforme en affrontement sur la régularité du vote plutôt qu’en débat d’idées. La répétition des pratiques clientélistes et des transferts massifs d’électeurs apparaît comme une trahison des espoirs nés après le 30 août 2023.

À écouter les opposants comme les observateurs critiques, le Gabon n’a pas seulement un problème d’organisation électorale : il fait face à une crise de confiance profonde, où les institutions peinent à garantir des scrutins justes et transparents. Une crise qui, si elle perdure, risque de miner encore plus la légitimité des élus issus des urnes.

Laissez un commentaire
Mots-clés
Partager l'article
Commenter l'article